2010-2013
Esthétique, mémoire sensible et changement

2008-2010
Changement organisationnel : changement émergent et pratiques transformationnelles des organisations

2006-2008
Innovation, artistes et managers : migration des pratiques en contexte de changement organisationnel

2002-2005
Innovation, artistes et managers : ethnographie du Cirque du Soleil


Projet de recherche 2010-2013
Esthétique, mémoire sensible et changement

La capacité d’innovation des organisations est devenue un enjeu du XXIe siècle. La nécessité d’innover et la capacité de l’organisation à se transformer pour se développer repose sur une collaboration entre les personnes et les groupes, tout comme elle touche l’organisation dans son milieu, par ses comportements responsables.

Pourtant, la pression à une productivité sans fin à laquelle les humains sont subordonnés produirait des effets toxiques, freinant l’inspiration et le désir de collaborer, privant l’organisation de ses propres capacités à innover.

Aujourd’hui, les pressions grandissantes de la société qui poussent vers plus de démocratie participative bouleversent l’ordre établi, la gestion étant invitée à se redéfinir, à ouvrir la gouvernance à une plus grande participation de toutes les parties prenantes. Cette tension entre deux visions du monde questionne le processus d’organisation. Cette recherche le fait en s’inspirant de ce que pratiquent des organisations d’avant-garde, comme celles du monde de la création, en matière des savoirs d’action collaboratifs et d’intelligence collective.

Les organisations qui abordent déjà ce changement culturel pour transformer leurs pratiques le font toutefois sans repères concrets. La recherche proposera donc des pistes menant une gestion plus démocratique des organisations en produisant un référentiel de pratiques d’animation et de création de connaissances utile pour les organisations à partir d’une perspective qui mise sur le dialogue et la créativité, ce qui se traduit par une approche esthétique de l’organisation, axée sur l’expérience et la mémoire sensible.

 

Projet de recherche 2008-2010
Changement organisationnel : changement émergent et pratiques transformationnelles des organisations

Le changement
Les impératifs de changement sont aujourd’hui devenus de plus en plus fréquents, l’interdisciplinarité est quant à elle incontournable car on reconnaît désormais la multiplicité des perspectives et des enjeux liés à toute initiative. De même, la complexité des situations que les organisations sont amenées à traverser font de ces trois composantes de la dynamique de la transformation autant de leviers sur lesquels agir. En parallèle, l’exploration des manifestations concrètes de ces dynamiques devient un terrain de recherche dont le catalyseur premier est la collaboration / la coopération.

La présente recherche s’inspire de travaux sur la pensée complexe menés par le MCXAPC http://www.mcxapc.org/, ainsi que les initiatives d’exploration et d’intervention de la communauté élargie de SoL http://www.solonline.org/ ou encore celle de http://www.aliainstitute.org/institute/home.html qui ancre les pratiques dans une éthique et une esthétique qui fondent notre perspective.

Ces inspirations sont des ancrages forts, d’ordre épistémologique, axiologique et ontologique. Ils appellent une posture de recherche et un engagement conséquents. Cette visée de cohérence se manifeste et se traduit par le type de recherches et d’interventions favorisées, en lien étroit avec le terrain.

À partir d’une telle perspective, explorer le changement revient à l’aborder, comme Bateson le propose, dans sa qualité transformationnelle. Le changement non-linéaire ou émergent devient ainsi le territoire de recherche naturel qui permet d’investiguer les principes et les pratiques qui inspirent, traversent ou rebutent les organisations de ce début du XXIe siècle. On étudie les leviers et les accélérateurs de transformation de même que les freins mis par les organisations devant au potentiel des approches participatives qui favorisent la collaboration et l’innovation organisationnelle. De ce fait, la créativité devient une habileté centrale, tout comme le dialogue ou encore le design social.

Ce projet de recherche-action procède par l’intervention et la théorisation ancrée, développant ainsi les connaissances dans leur contexte. Les résultats sont ensuite diffusés en vue de boucler le processus de découverte par un retour au milieu.

Au carrefour du changement, de l’interdisciplinarité et de la complexité logent des pratiques qui sont nécessairement différentes des pratiques adaptées à des niveaux de complexité moins grands. Par référence aux niveaux de complexité de Boulding, nous envisageons les pratiques à partir d’un regard qui reconnaît cette distinction et mise sur des façons de faire d’un ordre différent et qui possèdent des qualités propres à la complexité.

L’esthétique
Au cœur de ces pratiques sociales et organisationnelles se cachent la volonté et le projet de développer des connaissances ainsi qu’un vivre ensemble qui peut met en relief le rapport au monde sensible. Dans cette perspective, cette quête de rationalité se complète ici par un rapport établi via les sens, autrement dit par un rapport esthétique à la réalité, à l’autre, à son environnement et à soi-même. Le projet de connaissances devient, de ce fait, un projet qui vise à réconcilier la rationalité et le sensible.

Cette perspective fonde la recherche actuelle. Un premier groupe de chercheurs et de praticiens qui explore ces questions a vu le jour au début 2008, c’est le 4e Œil. Le 4e Œil fait partie d’un collaboratoire de recherche en émergence qui rassemble plusieurs chercheurs et praticiens intéressés par l’attracteur de la collaboration. Il s’agit de { CoL@b }.

Un des projets de recherche qui découlent de cette perspective est l’étude des outils de mémoire sensible comme véhicule de connaissances. À partir d’une esthétique de l’intime axée sur l’évocation de l’expérience, des traces sont réalisées, sous diverses formes artistiques, de la murale à la vidéo en passant par la photo et le dessin ou encore l’installation. Un des outils privilégiés est le 3e Œil qui est mis en œuvre lors de divers événements et processus d’accompagnement.

{ CoL@b }
CoL@b est le fruit de la co-création d’un collectif de recherche dont le nom traduit l’existence du Centre d’études et de recherche avancées en collaboration culturelle, organisationnelle, virtuelle, communautique et communicationnelle de l’UQAM. Les recherches et études menées par les chercheurs et partenaires membres de CoL@b portent sur les formes et les médiations humaines, sociales et technologiques, ainsi que les matérialisations de la collaboration et de la coopération, dans une perspective organisationnelle.

En lien étroit avec les milieux de pratique, les activités menées par CoL@b visent à observer, produire, accompagner, essaimer et favoriser le partage des savoirs via l'animation de la communauté d'intérêt que représente l'association des chercheurs, des étudiants de 2e et 3e cycles ainsi que des partenaires de différents milieux de pratique.

 

Projet de recherche 2006-2008
Innovation, artistes et managers : migration des pratiques en contexte de changement organisationnel

Il s’agit maintenant d’amener ce cadre conceptuel et ses composantes à un stade plus opérationnel et transférable, en l’utilisant en mode de recherche-action dans un cadre organisationnel traversant une situation propice d’innovation, afin qu’il puisse servir, à terme, d’outil robuste d’examen des capacités d’innovation d’une organisation. En ce sens, il contribuera, au fur et à mesure du déroulement du projet de transformation, à l’enrichissement des outils diagnostics de conseil en management.

Ancré dans un univers humaniste, le modèle proposé vise une lecture de la complexité de la dynamique d’innovation. Issu d’une étude menée dans une organisation dont le succès est intimement lié à sa créativité, il est permis d’avancer que ce modèle constitue une proposition novatrice pertinente. Proposé comme grille de lecture étalon qui permet de diagnostiquer, représenter et éventuellement servir de base à l’évolution des pratiques d’innovation au sein d’autres organisations, ce cadre conceptuel est soumis comme référent pour mener à bien l’étape d’opérationnalisation.

En matière d’approche, il s’agit d’abord de comprendre comment et en quoi le milieu étudié innove à travers ses pratiques, en situation de transformation. Le terrain de recherche est choisi en fonction de la pertinence des traits qui le caractérisent : la nature du projet d’innovation qui vise la transformation de l’organisation ; les profils des communautés ; leur participation au processus d’innovation ainsi que la capacité de mener une recherche action.

Plus spécifiquement, la chercheure participe activement au processus d’innovation en proposant des approches visant à cheminer, accompagner et soutenir le groupe qui participe à la recherche dans sa transformation organisationnelle. De même, en mettant en œuvre les pratiques provenant du Cirque du Soleil, identifiées lors de la recherche précédente, la chercheure participe à la circulation des apprentissages effectués par le groupe en vue de dynamiser la communauté et proposer des façons de faire pertinentes pour l’organisation. En ce sens, la chercheure agit comme catalyseur et facilitateur. Les différents moyens et outils mis en œuvre sont documentés et mis à disposition du groupe via les mécanismes de partage de connaissances. À terme, des pratiques spécifiques au groupe sont formalisées en étude de cas pour constituer une mémoire organisationnelle.

Au cours de la recherche, le groupe chemine à partir de repères différents des façons de faire habituelles auxquelles il se raccroche. En travaillant sur le terrain des sciences humaines (les relations humaines vues en tant que grands processus de communication) plutôt que sur le terrain exclusif et habituel des sciences de l’administration et de la gestion, le groupe peut s’approprier des approches novatrices pour l’organisation, en fonction de ses besoins. Le modèle dynamique d’innovation sert de référent conceptuel pour comprendre la culture et les façons de faire du groupe. De même, sa mise en œuvre dans l’action vise à suivre la trajectoire et la transformation des pratiques choisies par le groupe lors de leur migration et, de ce fait, à enrichir le modèle, autant du point de vue des concepts que de son opérationnalisation.

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Projet de recherche 2002-2005
Innovation, artistes et managers : ethnographie du Cirque du Soleil

Considérant que le Canada aura perdu presque un million de travailleurs qualifiés en 2020 et qu’environ 50% des travailleurs de la génération des baby-boomers avaient déjà pris leur retraite en 2005, on peut anticiper le défi qui attend les entreprises. Leurs capacités d’opérer et de croître s’en trouvent déjà fragilisées. Plus globalement, c’est la capacité d’innovation des entreprises qui est en train de devenir un véritable enjeu de société. Définie comme processus de création de connaissances, il est aisé de comprendre que l’innovation est la source de l’adaptation et de l’agilité d’une organisation. Reposant ultimement sur des humains en interrelation, l’innovation correspond à la capacité qu’a une organisation d’évoluer et de se transformer.

Certes, les prises de retraite imposent aux organisations d’accentuer les efforts de transfert de connaissances, ce qui bouleverse l’organisation du travail et entraîne des coûts. Néanmoins, procéder au transfert de connaissances afin d’assurer le maintien des opération ne suffit pas. C’est la capacité à renouveler les connaissances, donc à innover, qui agit comme facteur discriminant et comme avantage concurrentiel dans l’économie mondiale du XXIe siècle.

En matière d’innovation, l’étude menée dans la thèse de doctorat « Innovation, artistes et managers, ethnographie du Cirque du Soleil » (Mahy, 2005) a apporté un éclairage inattendu sur une de ses dimensions peu explorées, celle des interactions, des relations et de la création collective de connaissances.

Cette recherche action participative, menée à partir de référents qui s’inspiraient de plusieurs disciplines -l’anthropologie, la communication, la sociologie, le management et l’esthétique- a permis de dégager des pistes d’action susceptibles d’influencer l’évolution des pratiques managériales ayant cours au sein de nos organisations au début du XXIe siècle. En effet, les activités de création artistique incarneraient l’expression la plus avancée des modes de production et de relations au sein du monde du travail engendrées par les mutations récentes du capitalisme. Comme les meilleures pratiques émergent souvent chez les leaders d’une industrie, le Cirque du Soleil représente un terrain idéal de renouvellement des pratiques d’innovation.

La question de recherche visait à comprendre la dynamique de co-création de différentes communautés de pratique au sein d’un processus d’innovation, en cherchant à en saisir la nature et à en identifier les façons de faire respectives et partagées. L’étude de cas a permis de révéler l’importance des pratiques novatrices suivantes, mentionnées dans la littérature scientifique comme participant à la capacité d’innovation et au maintien de la vitalité des groupes :

  • Le maintien de la culture organisationnelle
  • L’importance accordée par le groupe à son identité
  • Le rôle du métissage social dans l’émulation
  • Le recours au dialogue
  • L’apprentissage dans l’action
  • Le design collaboratif de solutions
  • La place de la mémoire collective de l’expérience et des récits

Un modèle conceptuel de la dynamique des coulisses de l’innovation résulte de l’étude. Il met l’accent sur les dimensions qui interrogent l’humain, soit le rapport entre la personne et son intériorité ; entre la personne et le groupe ; entre la personne et l’organisation ainsi qu’entre le groupe et l’organisation. Comment l’innovation circule-t-elle, de ce point de vue ? La réponse peut être décryptée à l’aide du modèle présenté ci-après, dont les pratiques ont été prototypées pendant la recherche. Ces pratiques sont vues comme des axes agissant en tension l’un par rapport à l’autre, créant ainsi une source potentielle d’énergie et / ou de stress. Par exemple, on tiendra compte de l’équilibre entre le groupe et les ancrages de la culture dans laquelle elle baigne. Au cœur, on retrouve un ensemble de leviers sur lesquels agir pour favoriser la circulation de l’énergie créatrice, par exemple les rapports entre les personnes.

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Creative Commons License
Cette création par Isabelle Mahy est mise à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Paternité-Pas d'Utilisation Commerciale-Partage des Conditions Initiales à l'Identique 2.5 Canada.
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